Parce que la CFJM Dôsôsei c’est des rencontres, de la recherche d’emploi, de l’amitié, mais pas que… Nous vous proposons d’écouter un podcast sur le Japon où nos illustres professeurs JM. BOUISSOU, S. LECHEVALIER et P.DEBROUX parlent du Japon.

Bonne écoute (merci Fred pour cette découverte) !

Japon : identité et démographie

Autour de Christine Ockrent :

Guibourg Delamotte maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Elle a publié avec Jean-Marie Bouissou, Chloé Froissart et Gilles Verniers, La démocratie en Asie : Japon, Inde, Chine, aux éditions P. Picquier, en 2015 et elle a dirigé Japan’s World Power. Assessment, Vision and Outlook (dir.), Routledge, Londres, 2017.   

Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l’OCDE

“Depuis 2005, il y a plus de décès que de naissances au Japon. Il y a ce chiffre de 100 millions : le gouvernement s’est engagé à maintenir le nombre de la population au-dessus de 100 millions. Aujourd’hui le Japon comptent 126 millions d’habitants. C’est la population d’âge actif qui baisse. Cela a un impact sur le marché du travail”.

Depuis France Bleu Gironde, à Bordeaux, Sébastien Lechevalier, spécialiste de l’économie japonaise, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociale (EHESS) et Président de la Fondation France-Japon de l’EHESS. Il a publié avec Brieuc Monfort Leçons de l’expérience japonaise : vers une autre politique économique ? aux éditions  Rue d’Ulm, en 2016, et il publie prochainement Capitalismes asiatiques, Collection “Repères”, La Découverte (à paraître en 2019).  

Depuis Tokyo, Jean-Marie Bouissou, directeur de recherche à Sciences Po. Il a dirigé Le Japon contemporain (Fayard, 2007) et il a publié Géopolitique du Japon : une île face au monde, PUF, 2015

Depuis Tokyo, Philippe Debroux, professeur de management international et de gestion des ressources humaines à l’université Sōka.

La chronique d’Eric Chol, Directeur de la rédaction de Courrier International

Peu nombreux et politiquement sous-représentés, les moins de 30 ans tentent de se faire entendre au Japon, mais c’est difficile.

De fait, les jeunes sont de plus en plus minoritaires au Japon, les moins de 25 ans ne forment que 23% de la population, alors que plus de 65 ans en représentent, eux,  28% .

Tout se passe comme si « depuis l’avènement de l’ère Heisei, le Japon avait omis de passer la main à la jeune génération, de manière à conserver la ‘viabilité de notre société », selon un quinquagénaire interviewé par l’Asahi Shimbun.

Justement, ce grand quotidien japonais rappelle que depuis le début de l’ère Hesei en 1989, il ne s’est absolument rien passé pour les nouvelles générations. Le journal cite un rapport, publié l’an dernier et intitulé « Des individus inquiets, un État paralysé » et rédigé par une trentaine de jeune fonctionnaires.
Lorsqu’il est sorti, ce rapport a fait l’effet d’une bombe : il été téléchargé près d’un million et demi de fois, et il  a suscité une pluie de commentaires sur Internet. 

« On a du mal à croire que ce document est l’œuvre de fonctionnaires de l’État, explique l’Asahi Shimbun,  car non seulement il reconnaît que le Japon est “paralysé”, mais on y relève également de sévères critiques contre “une société indifférente à ses générations actives” ».

Les auteurs brossent au fil des pages le portrait d’une “démocratie des seniors”, « comme si, expliquent-ils, le Japon se cramponnait à une époque déjà révolue ».

Cette époque, c’est celle de l’ère Showa qui a duré 6 décennies jusqu’à la mort de l’empereur Hiro Hito en 1989, et qui a été marquée, rappellent les auteurs, 

« par une forte croissance, la prise en charge totale de l’individu par l’entreprise, un modèle familial composé d’un couple et de deux enfants, ou encore le financement du système de sécurité sociale par une importante population active ».

Mais tous ces piliers se sont effondrés, « et aujourd’hui c’est la jeune génération qui en fait les frais », résume ce fameux rapport.

Il y a vingt ans, l’écrivain japonais Taichi Sakaiya, publiait un ouvrage intitulé “Les trente années de l’ère Heisei”. Agé de 83 ans, il commente aujourd’hui son ouvrage dans l’Asahi Shimbun . 

« C’était un roman d’anticipation : alors que la population continuait à diminuer, la centralisation dans la région de Tokyo progressait, les régions déclinaient et la dette nationale grossissait » ; Et il conclut : “Le Japon a été encore plus inactif que ce que j’anticipais”.  

Pourtant, les jeunes japonais sont devenues une génération choyée.

Oui, le journal chinois The Economic Observer fait d’ailleurs la comparaison avec les jeunes chinois, que l’on surnomme « les petits empereurs », ou « les petites princesses », car ils appartiennent à cette génération  de l’enfant uniques, avec 6 adultes pour veiller sur cahcun d’entre eux. Comme l’écrit le journaliste, « c’est la génération la plus chanceuse depuis la fondation de la Chine moderne».  « Mais ces jeunes chinois ne réalisent pas qu’il y a au japon encore plus chanceux qu’eux, » poursuit-il.
Tout simplement, résume le chroniqueur, parce que « les jeunes japonais sont une denrée rare, et ils sont si peu nombreux, quand on regarde la démographie du pays, que l’on peut les comparer au nombre de pandas dans la province du Sichuan en Chine : une espèce protégée, un trésor national », commente le journaliste dans cet article chinois, qui a été repris et traduit par la site américain Worldcrunch.  
Les statistiques, publiées dans le Financial Times, donnent une idée de cet effet de rareté: en 2017, on comptait au Japon 2300 jardins d’enfants de moins que 7 ans plus tot, le nombre d’élèves ayant chuté  de 19%. Et près de 2000 écoles primaires ont fermé au cours de la même période. On comprend mieux pourquoi lorsque les jeunes  sortent de l’université, ils n’ont guère de problème de chômage. Car chaque année le nombre de diplômés se réduit, on en comptait 567000 en 2017, et près de 98% d’entre eux ont trouvé un emploi, un chiffre record, précise le journal chinois The Economic observer. « Les jeunes gens d’aujourd’hui ne savent pas vraiment ce que le mot concurrence signifie, poursuit le chroniqueur ; comme il n’y a pas assez de bacheliers toutes les universités se battent pour les recruter. »

 

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